Aide au numérique : il est temps de réformer les chèques entreprises en Wallonie

Aide au numérique : il est temps de réformer les chèques entreprises en Wallonie

24 novembre 2022

Willy Borsus, Ministre-Président de la Région wallonne, vient d’annoncer de nouvelles aides à la transformation digitale des entreprises en Wallonie. La FeWeb (fédération des métiers du digital en Belgique) déplore que ce soutien supplémentaire, aussi louable soit-il, ne corrige aucun problème que rencontrent les prestataires de services digitaux face au fonctionnement des chèques-entreprises existants.

Ce troisième volet d’aide à la relance par le numérique offre ainsi un soutien financier à l’« implémentation stratégique » d’un projet digital (exemple : création d’un site e-commerce), ce qui porte à 15.000 EUR le montant maximal que peut obtenir une PME installée en Wallonie.

Si on peut se réjouir de ce levier additionnel au profit de la transformation digitale de l’économie wallonne, la FeWeb constate malheureusement que les problèmes causés par ces mêmes chèques-entreprises n’ont toujours pas été résolus et faussent le jeu de la concurrence.

« Les prestataires digitaux que représente la FeWeb déplorent fortement qu’aucun contrôle rigoureux ne soit exercé par l’administration sur l’usage concret d’autres chèques qui permettent, en théorie, de subsidier uniquement des activités de conseil et de diagnostic », explique Olivier De Doncker, Président de la FeWeb.

Des aides trop souvent détournées de leur objectif

« Dans les faits, ces chèques servent souvent à financer abusivement d’autres postes d’un projet digital qui ne sont pas couverts par ces aides comme, par exemples, la création graphique ou le développement IT. Ces dérives, alimentées par de l’argent public, sont extrêmement regrettables. »

En outre, le système actuel des chèques-entreprises crée un déséquilibre majeur dans la relation entre client et fournisseur. « Avec le fonctionnement actuel des chèques, le prestataire doit jouer le rôle de « banque » auprès du client en avançant lui-même une partie du budget alloué au projet avant que le subside ne soit octroyé par l’administration. Dans le cas d’un refus du dossier, la situation devient parfois alors fort épineuse pour l’agence… Cette situation est anormale car elle fait peser tout le risque financier d’un seul côté de la balance », poursuit Olivier De Doncker.

Enfin, la FeWeb relève le fait que certaines agences ont été averties avant les autres de la mise en place de ces nouvelles aides, ce qui crée une autre distorsion de concurrence préjudiciable à l’ensemble du marché.

Plus de transparence et des règles du jeu plus saines

Pour améliorer les conditions de marché et prévenir les abus décrits ci-dessus, la FeWeb propose notamment les mesures suivantes afin d’augmenter la transparence des chèque entreprises dédiés au numérique :

  • Un contrôle renforcé, avant et après l’exécution d’un projet, sur l’usage qui a été fait des chèques entreprises afin de vérifier que ces aides ont bien servi à leur objectif initial et n’ont pas été détournées au profit d’autres activités digitales.
  • Un plafonnement du nombre maximum de jours alloués à la consultance, afin d’éviter que ces jours de « conseil » ne soient indûment affectés à des tâches de production.
  • Une séparation stricte et contrôlée entre les activités de conseil (diagnostic, plan d’action…) et celles de production (design, développement d’un site web…).
  • Un raccourcissement des délais d’octroi des subsides et la mise en place d’une « caution » financière à charge du client afin d’alléger la charge financière qui pèse sur les épaules de l’agence.
  • Une notification par courrier électronique à l’ensemble des prestataires labellisés dès qu'un changement important intervient.

« La FeWeb demande d’assainir les règles du jeu afin que l’obtention des chèques entreprises soit un adjuvant à un projet digital et non plus une fin en soi afin de profiter d’un effet d’aubaine. La digitalisation des entreprises est un enjeu majeur pour le redéploiement économique de la Wallonie. Il est temps que les pouvoirs publics s’engagent dans une démarche de co-création avec les acteurs du marché, écoutent leurs problèmes et y répondent de manière efficace », conclut Olivier De Doncker.

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